Pygmées Baka, le grand Virage Depuis des millénaires ils vivent de la

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Pygmées Baka, le grand Virage Depuis des millénaires ils vivent de la
Pygmées Baka, le grand Virage Depuis des millénaires ils vivent de la forêt. Chasseurs cueilleurs semi-­‐nomades, les pygmées ont développé des modes de vie intégrés dans des systèmes écologiques façonnant la forêt, mais la respectant dans son essence. Ils habitent en son cœur. Celle-­‐ci constitue leur milieu naturel et leur univers, celui qui a donné l'infrastructure à toute leur civilisation. Elle est leur mère nourricière et leur a fourni jusqu'à récemment tout ce dont ils avaient besoin. Aujourd'hui, elle est livrée à une exploitation effrénée ; l'épuisement des ressources de la biodiversité plonge les Bakas comme les Bantous dans une misère croissante et détruit leur culture. Les Bakas sont aujourd'hui lancés sur le chemin de la sédentarité. Celle-­‐ci n'est pas acquise, et il leur reste beaucoup d'aspects de leur ancienne civilisation. Ils forment un groupe évalué à près de 60 000 individus sur 400 000 habitants que compte l'est Cameroun. Anthropologie biologique : Fernando Ramirez Rozzi (Antrhopologue) : Diversité de la croissance humaine. La croissance chez les Pygmées africains. On considère que la croissance est la même pour toutes les populations d'hommes. Une certaine variation a cependant été observée chez les populations des chasseurs-­‐
cueilleurs. Les pygmées africains représentent une des populations les plus intéressantes et les moins acculturées parmi les groupes de chasseurs-­‐cueilleurs. Pourtant, les données provenant de ce type de populations sont en général incomplètes et ambiguës. Plusieurs projets de recherche se sont penchés sur la problématique de la croissance des Pygmées afin d'expliquer leur taille réduite. Néanmoins, les résultats sont contradictoires et du moment que les bases moléculaires de cette caractéristique n'ont pas été trouvées, toutes les explications restent plus qu'hypothétiques. La croissance chez les Pygmées reste donc à être connue. Le principal objectif de notre projet « GrowinAP » est de caractériser la croissance des Pygmées Bakas. La seule possibilité d'avancer dans la compréhension de cette croissance est d'aborder l'étude à partir d'une large perspective, dans laquelle les données de l'anthropologie physique sont accompagnées et expliquées par les processus responsables au niveau moléculaire. Notre projet est multidisciplinaire, les données et les analyses de la croissance somatique et dentaire seront croisées avec celles de la génétique et de l'endocrinologie afin de caractériser la croissance et comprendre ses bases moléculaires. À la différence des études précédentes, nous disposons de la date de naissance des Pygmées Baka. En effet, des sœurs européennes se sont établies au Bosquet (Cameroun) et mènent depuis 1988 le registre de naissances des Pygmées Bakas. Ces registres se trouvent à notre disposition et comprennent à peu près 2000 individus Bakas depuis la naissance jusqu'à l'âge de 20 ans. Alain Froment (Antrhopologue) : Entretien : Dès le début, et c'est la marque de fabrique de notre équipe, nous avions décidé de développer un projet multidisciplinaire, un programme qui incorporerait des aspects médicaux, des aspects biologiques de type biochimique/endocrinologique, des aspects génétiques, et des aspects biométriques, c'est à dire une approche sur la croissance qui mène à la fois l'établissement de mesures de poids, de taille et de proportion corporelle, et d'autre part des mesures d'éruption dentaire, ceci bien sur en combinant le calendrier chronologique fourni par les âges exacts avec les poids, les tailles, les proportions des enfants et leur âge dentaire. En faisant également un certain nombre de prises de sang pour doser des hormones et pour faire des recherches génétiques, nous partons vraiment sur la piste de la cause biologique de la petite taille et de ses éventuels avantages en terme d'adaptation au milieu. Nous sommes vraiment dans un projet d'anthropologie biologique, sachant que la vocation première de l'anthropologie biologique c'est de décrire la diversité dans l'espèce humaine, qu'elle soit sur le plan morphologique ou génétique et après l'avoir décrite, après l'avoir mesurée, l'expliquer. Donc l'expliquer en terme de sélection naturelle ou en terme de processus sociaux. Écologie humaine : Laurent Maget (Réalisateur) : De Lomié à Messok, un long ruban de piste s’étend sur plus de 60 km. Grumiers, voitures héroïques, motos… C’est une route. Tout au long, de multiples villages s’ancrent en bordure. L’habitat ici ne sépare pas vraiment la communauté pygmée de la communauté non-­‐pygmée. Ils échangent beaucoup de biens, et même de temps en temps quelques gènes. Partout en fait, la route constitue l’avenir. C’est au bord de la route que circulent les gens. Si l’on a un gibier à vendre, c’est au bord de la route que l’on va se mettre pour attendre qu’une voiture vienne l’acheter. Si on veut envoyer ses enfants à l’école, si on veut aller au dispensaire…Il faut être sur la route. Pourtant, les pygmées visibles en bord de route ne représentent qu’une fraction de ce qui se passe en réalité. Il y a des portes derrière les maisons, qui s’ouvrent sur la forêt. 5 jours par semaine ils sont en forêt ou dans leurs champs qui sont à l’écart. Dès les années 50, parmi les missionnaires présents dans l’Est-­‐Cameroun, le père Ignace Dhellemmes avait porté une attention particulière aux Bakas. À partir de la léproserie de Kouamb à Abong-­‐mbang où il était affecté, il décide de mettre sur pied un projet pour la promotion de l’agriculture, l’éducation, la santé auprès des populations Baka. Au début des années 70, deux sœurs le rejoignent et fondent un village entièrement Baka à 40 km de Lomié où elles regroupent plusieurs familles. Ce fut le début du village Moangue-­‐le-­‐
Bosquet. Des regroupements identiques voient le jour à Nochouam et à Nomedjo entre 25 et 30 km de Lomié. Cette communauté mît sur pied une structure de développement dénommée AAPPEC (activités pour l’auto-­‐ promotion des populations de l’Est-­‐
Cameroun) donnant une place importante à la langue et à la culture Baka. De nos jours AAPPEC compte une soixantaine de centres d’éducation de base où plus de 3000 enfants Baka et Bantous viennent apprendre à lire et à écrire. Pour le volet justice et paix, on leur parle des droits et devoirs du citoyen camerounais à part entière, en les incitant à faire établir des documents officiels, tels que les actes de naissances et les cartes d’identité nationale. Si les exploitations forestières ont commencé de coloniser l’espace depuis plus de cinquante ans, une autre perspective s’annonce, inquiétante. À cet instant, après de longues études d’impact, une mine est en construction avant le démarrage de son exploitation en 2014. Il s’agit d’exploiter le cobalt*, le nickel** et le manganèse en « tenant dûment compte des risques économiques, sociaux et environnementaux du projet et avec un engagement fort pour le développement durable des communautés touchées. Toutes les activités seront confinées dans les limites autorisées de la mine, où GeoCam a seule droit de développer jusqu'à 1.250 hectares de terres dans les limites des 1645 ha permis. » Considérons que les études d’impact comme la politique de compensation des populations concernées procèdent d’une authentique bonne volonté. Ceci étant, cette mine nécessitera la présence de centaines d’ouvriers (plus de 1000) dont la plupart viendront de bien ailleurs. Il faudra les nourrir et la demande en « viande de brousse », qui se fait déjà rare, risque de faire disparaître cette ressource naturelle. Venant de loin et sans leur famille, les ouvriers voudront « trouver l’amour », et nous connaissons bien les processus qui aboutissent aux maladies dramatiques qui en résultent. Du micro (recherches sur la croissance) au macro (conjoncture passée, actuelle et à venir) notre film pose davantage de questions qu’il n’en résoud. Le prisme du village de Moangue-­‐Le Bosquet nous offre une synthèse de la situation des pygmées en général. Confrontés aux chocs d’une ci vilisation à laquelle rien ne les à préparé, leur savoir ancestral se dilue. Les scientifiques de nombreuses disciplines s’efforcent d’enregistrer cette connaissance avant qu’elle ne disparaisse. Si Alain comme Fernando connaissent parfaitement leur terrain, plusieurs témoins peuvent nous raconter l’évolution de cette communauté depuis les années 60 (Sœur Albéric, Robert Brisson…). Mais Kalo, Baka de 58 ans, a tout vécu, tout connu et possède la qualité du conteur. Il est l’un de nos personnages essentiels au récit. Des chercheurs à nos hôtes nous balayons un ensemble de problématiques considérables. "Pygmées Baka, le grand virage" se pose à la croisée de mouvements bien distincts et complémentaires. La science en marche et le destin d’une population très réduite de chasseurs cueilleurs que la modernité emporte dans une spirale qui les broient. *Le cobalt est utilisé en métallurgie pour les superalliages et les alliages durs. Une part importante concerne la fabrication d'accumulateurs, secteur en pleine évolution et la fabrication d'aimants. Le cobalt est également utilisé dans des secteurs non-­‐métallurgiques comme la catalyse, les pigments, les pneus, les colles, les savons... **Grâce à sa résistance à l'oxydation et à la corrosion, le nickel est utilisé dans les pièces de monnaie, pour le plaquage du fer, du cuivre, du laiton, dans certaines combinaisons chimiques et dans certains alliages. Il est ferromagnétique, et est fréquemment accompagné de cobalt. Il est particulièrement apprécié pour les alliages qu'il forme. Ce film est dédié à Beko (Mebouta Beko Jean) Assistant-­‐Réalisateur / 1982 – 2012 Beko, jeune Baka de 30 ans, habitant le village de Moangue-­‐Le Bosquet dans l’est du Cameroun, père de 5 enfants, est mort le 27 novembre 2012. Depuis plusieurs années, durant nos missions, Beko et sa famille travaillaient avec Alain Froment, Fernando Ramirez Rozzi, Laurent Maget, mais aussi Noémie, Priscille, Agnès, Steeve … Au fil du temp s, Beko est devenu assistant de réalisation sur les films tournés au Bosquet. Efficace, précis et ponctuel, il commençait à utiliser les caméras avec talent. Mbetina son épouse reste seule avec ses 5 enfants, 3 filles de 9 à 5 ans et 2 garçons jumeaux nés en août 2011. Ils habitaient à l’étroit dans la maison des parents de Betina en attendant de pouvoir construire leur propre habitation. Beko faisait partie de ces jeunes Pygmées Baka en contact direct et souvent violent avec la modernité du grand monde. Il évoluait rapidement, comprenait vite et commençait à tourner de vraies séquences. Il savait parfaitement lire, écrire et compter. Il devait aller loin. Salut Beko 

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